Grand-Laviers, le 2 décembre 2018
Fermeture du golf d’Abbeville : Une décision de plus en plus incompréhensible
Depuis l’annonce de la fermeture du golf d’Abbeville le 15 octobre dernier, salariés et joueurs tentent de comprendre les motivations des propriétaires et de sauver leurs emplois et leur parcours.
Ainsi, Philippe BILLORE, président du SCA Golf, l’association sportive représentant les 260 golfeurs abbevillois, multiplie les démarches et les propositions pour sauver ce qui peut encore l’être.
Entouré d’une petite équipe de bénévoles, il a successivement proposé un projet de reprise du golf par l’association sportive, une augmentation des cotisations des membres de l’association pour équilibrer le budget de la société d’exploitation, la reprise par une association d’aide par le travail… rien n’y fait. Laurence BECU, directrice générale de la SAS Domaine du Val, et par ailleurs représentante de la famille PODVIN, actionnaire principal de cette société et propriétaire d’une large part du foncier, repousse systématiquement toute proposition de nature à prolonger l’activité du golf.
Ces rejets systématiques trouvent une justification unique pour l’actuel propriétaire-exploitant : aucune solution ne serait viable.
Ce n’est pourtant pas l’avis des salariés et des golfeurs. Depuis plusieurs années, ces derniers constatent que le golf d’Abbeville est délaissé au profit des parcours de Nampont-Saint-Martin qui appartiennent au même propriétaire.
Ils s’étonnent également de la rapidité avec laquelle les propriétaires ont décidé et lancé la liquidation de la société d’exploitation. Nombre d’entre eux, familiers du fonctionnement des entreprises, ne comprennent pas qu’une décision aussi radicale ait pu être prise sans que des actions énergiques aient été préalablement mises en œuvre pour sauver la société en améliorant son résultat d’exploitation.
Les démarches commerciales sont en effet restées balbutiantes et sans réel suivi, alors que le Black Friday de novembre 2017 avait démontré l’intérêt d’accroître l’attractivité du golf d’Abbeville par des démarches commerciales originales et adaptées. Par ailleurs, les partenariats commerciaux sont quasi-inexistants, alors que la côte picarde est riche de structures touristiques attractives pour des touristes golfeurs. Aucune ne peut aujourd’hui se prévaloir d’offres jumelées hébergement-green fee alors que cette pratique est fréquente dans le tourisme golfique.
De plus, les difficultés économiques que rencontrait le golf sont restées secrètes jusqu’à l’annonce de sa fermeture alors que les membres ont montré qu’ils pouvaient comprendre la situation et qu’ils sont prêts à voir leur cotisation revalorisée pour équilibrer le compte d’exploitation.
Enfin, les projets de reprise, a priori sérieux, ont été écartés d’un revers de main sans qu’ils aient été étudiés avec la bienveillance qu’impose la situation.
Face à ces faits, salariés et membres sont convaincus que tout n’a pas été fait pour sauver le golf d’Abbeville et que sa fermeture annoncée sert des intérêts qui leur échappent. Les membres d’Abbeville ont reçu une proposition de report de leur abonnement vers le golf de Nampont-Saint-Martin accompagnée d’un geste commercial significatif (6 mois de gratuité). Cette proposition, bien que séduisante sur le plan financier, nourrit leur ressentiment et leur conviction que le golf d’Abbeville est sacrifié pour servir les seuls intérêts de la famille propriétaire.
Or, en rejetant toute solution de reprise, qui dans l’absolu ne pourrait nullement nuire à ses intérêts sur Abbeville, la famille PODVIN oublie un peu vite les dégâts sociaux, fruit de sa décision, ainsi que sa responsabilité vis-vis de la collectivité. En effet, au-delà de gérer une société commerciale et du foncier, gérer un golf c’est aussi contribuer au développement économique et touristique du territoire sur lequel il est implanté. En cela, les conséquences de la fermeture du golf dépassent les seules préoccupations commerciales et affectent la collectivité dans son ensemble qui se trouve privée de ce point d’intérêt local.
Fermer le golf d’Abbeville apparaît dès lors comme la solution radicale souhaitée par une famille désireuse de préserver ses seuls intérêts au mépris des conséquences induites par cette décision.
Plus que jamais, les golfeurs abbevillois restent mobilisés pour trouver une solution et préserver ce qui peut l’être. A court terme, et au regard des enjeux, un sursis d’un an et une ouverture claire à la discussion de la famille PODVIN, leur permettraient d’envisager plus sereinement des solutions viables et acceptables pour tous. Encore faut-il pour cela qu’ils puissent être entendus et que leurs propositions soient étudiées dans le seul objectif de sauver le golf en préservant au mieux les intérêts de chacune des parties.